Tout ce qu’il faut savoir sur le transport maritime : son essor, ses conséquences et ses répercussions sur l’environnement. Sans oublier les moyens d’agir et les alternatives.
Introduction au transport maritime
Le transport de personnes et de marchandises par voie maritime a évolué au fil des siècles, tout comme les problématiques qui en découlent. Les premières navigations maritimes, effectuées grâce à la simple force des bras et/ou du vent, remontent avant même l’antiquité gréco-romaine, aux alentours de 4000 av. J.-C.. Elles connaîtront un véritable essor au XVe siècle, au temps des colons et des grandes navigations espagnoles et portugaises. Ainsi, le premier voyage autour du monde est effectué par Fernand de Magellan de 1519 à 1522. Dès la fin du XVe siècle, les navigateurs portugais se lancent dans la course à la route des Indes, voie maritime qui permet de faciliter le commerce avec l’Afrique et l’Asie.
C’est à Vasco de Gama que l’on doit l’ouverture de cette route par le Cap de Bonne-Espérance, reliant ainsi l’Europe et les Indes orientales. Aujourd’hui, la grande majorité des marchandises mondiales circule par voie maritime. Bien loin des caravelles et des vieux gréements utilisés lors des premières grandes traversées, les gigantesques navires qui sillonnent présentement nos océans ont un impact sur la faune et la flore marines et notre environnement de manière globale.
Globalisation des échanges commerciaux
Un trafic aux proportions de plus en plus gigantesques
Les conséquences du transport maritime sur l’écosystème marin
1) Les pollutions par hydrocarbures
– Le risque de marées noires est directement lié à l’augmentation du trafic maritime. Certains navires construits avec des matériaux de basse qualité ou en mauvais état d’usure continuent d’être exploités dans des États peu regardants tels que le Panama, le Liberia, les Comores, etc. Or, ces navires défectueux sont plus enclins à connaître des avaries et à sombrer dans nos océans. Parmi les plus connues et médiatisées, citons l’Amoco Cadiz en 1978, l’Erika en 1999 ou encore le Prestige en 2002.
– Lors d’une marée noire, l’eau se recouvre d’une nappe d’hydrocarbures qui flotte à sa surface et représente un piège pour la biodiversité marine, notamment pour les oiseaux et la faune. Cette nappe noire peut s’étendre jusqu’à une centaine de kilomètres. Les marées noires ont non seulement des conséquences écologiques mais aussi financières. En effet, la pollution engendrée impacte les activités économiques telles que la pêche, l’aquaculture, le tourisme. Le nettoyage des plages bretonnes suite au naufrage du pétrolier Erika sur les côtes bretonnes en 1999 a ainsi coûté plus de 200 millions d’euros à l’entreprise Total.
– Dans les différents États impactés, des lois contraignantes pour les armateurs ont heureusement été prises à la suite ces accidents. Mais ces mesures, prises a posteriori et non pas en prévention, ne permettent pas d’éviter ce type de catastrophe environnementale dans d’autres pays.
2) Les rejets de gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques
Porte-conteneurs, superpétroliers, bateaux de croisières… Ces navires géants peuvent être à l’origine d’autres pollutions. Le transport maritime est à l’origine de 13,5 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européen (Source : Agence européenne de l’environnement, 2019). Parmi les polluants incriminés, citons le dioxyde carbone (dont la formule chimique est le CO2), le soufre (Sox) et l’azote (Nox)
Composé de mélanges d’hydrocarbures pétroliers, le fioul utilisé par les navires est dit « lourd ». Plus ce carburant est visqueux (composé de mélanges), plus le navire émet de gaz à effets de serre. En effet, lors de sa combustion, il émet des particules de soufre hautement nocives pour la santé et contribue aux émissions de gaz à effet de serre.
Or, le fioul lourd représente encore 70% de la consommation de carburant totale dans le transport maritime mondial. Sachant que le transport maritime représente plus de 3 % des émissions totales de CO2 d’origine anthropique, c’est-à-dire humaine, et que cette tendance va en augmentant, il est indispensable qu l’OMI et les différents États légifèrent pour limiter la pollution émanant des navires.
Le transport maritime a également d’autres impacts sur l’environnement. En Arctique par exemple, les émissions de gaz atmosphériques des navires noircissent la glace. Cela empêche le phénomène de réverbération des rayons du soleil de la glace, ce qui a pour effet d’accélérer le réchauffement climatique dans la région.
Pour plus d’informations : https://www.hfofreearctic.org/en/front-page/
Autre impact méconnu : l’introduction d’espèces exotiques dans des pays où elles peuvent venir perturber l’écosystème local. Depuis 1949, on estime ainsi que le secteur du transport maritime est à l’origine de la plus grande part des introductions d’espèces non indigènes dans les mers autour de l’Union européenne.
3) La perte de conteneurs et autres déchets en mer
Le saviez-vous ? Quand les conteneurs sont mal arrimés ou qu’ils naviguent en pleine tempête, certains porte-conteneurs finissent par perdre leur chargement. Les conteneurs sombrent alors en pleine mer, devenant une menace pour la navigation et les océans. En effet, ils contiennent souvent des produits dangereux, inflammables ou du plastique. Par exemple, des billes de plastique pellets. On retrouve ainsi certains de ces produits, matériaux ou objets sur les plages après qu’ils aient été transportés par les courants marins. Parmi les accidents marquants de ce type, on citera celui du navire One Apus, au large du Japon, survenu en décembre 2020 et qui entraîna la perte de 1800 conteneurs. Plusieurs acteurs, dont Surfrider Foundation Europe, ont mis en place des systèmes de quantification pour recueillir des données sur ces pertes.
Entre 1994 et 2019, les autorités ont recensé 750 accidents et près de 17 000 conteneurs qui ont été perdus soit l’équivalent de la capacité d’un des plus grand porte-conteneur de 400 m de long. Ou de cinq avions de type A380 !
La perte de conteneur en mer, bien que moins connue que les marées noires, est une source de pollution préoccupante qui ne dispose pas d’un cadre réglementaires suffisant, ni de moyens de contrôles satisfaisants. Aussi, Surfrider Foundation Europe agit au niveau international afin de faire connaître ce fléau pour mieux prévenir les accidents.
Pour plus d’informations et chiffres : https://surfrider.eu/wp-content/uploads/2019/03/rapportconteneursfr_compressed.pdf
4) La grande oubliée : la pollution sonore
Le transport maritime est à l’origine d’une autre nuisance vis-à-vis de la faune marine. De nature sonore, cette nuisance est liée au bruit émis par les hélices des navires. Ces bruits sourds ont un impact sur les mammifères marins et les bancs de poissons car ils viennent perturber leurs repères et leur mode de communication.
Cette pollution sonore n’est malheureusement pas reconnue dans la législation actuelle. Pourtant, le transport maritime a contribué à doubler les niveaux sonores sous-marins dans les eaux de l’Union européenne entre 2014 et 2019 (Source : Agence européenne de l’environnement, 2021).
5) Le démantèlement des navires
Moins médiatisée que les marées noires, la fin de vie des navires est également une problématique environnementale majeure. Véritable industrie, le démantèlement de ces bateaux a principalement lieu dans trois pays : l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh. Ces démantèlements à ciel ouvert se font dans de mauvaises conditions de travail et environnementales, les navires étant directement désossés sur les plages et les polluants déversés dans l’environnement. Parmi eux, citons l’amiante, une catégorie de minéraux anciennement utilisée dans l’industrie et hautement toxiques pour ceux qui inhalent ses fibres et particules. Bien que l’utilisation de l’amiante dans les matériaux et produits soit interdit depuis 1997 en France et en 2005 en Europe, on en retrouve dans certains navires.
Pour éviter que les pays en voie de développement ne deviennent les décharges ou les casses des pays développés, il est donc nécessaire de relocaliser cette industrie dans les pays développés.