Ostreopsis ovata est une algue d’origine tropicale qui fait son apparition depuis plusieurs années en Méditerranée

L’Océan représente un écosystème complexe dont les fonctions assurent l’équilibre global de notre planète. En effet, en plus de constituer une réserve de biodiversité*, il participe à la régulation du climat*. Pour l’Homme, il est également une source de nourriture et d’emplois (pêche, tourisme, énergies…). Malgré cette importance, l’Océan est aujourd’hui menacé par diverses pressions comme l’urbanisation du littoral, l’épuisement de ses ressources ou encore, un encore le changement climatique.

Le changement climatique impacte les caractéristiques physico-chimiques de l’eau. Il se traduit notamment par la modification de la température de l’eau, de la teneur en gaz carbonique ou encore du niveau des mers. Il peut aussi avoir une influence sur la biodiversité et la composition même de l’écosystème marin.

Parmi ces impacts sur la biodiversité marine, il y a l’apparition en Méditerranée de la microalgue Ostreopsis ovata. D’origine tropicale, Ostreopsis ovata trouve désormais des conditions favorables à son développement sous nos latitudes. Lors des épisodes de proliférations importantes, sa présence peut avoir des conséquences néfastes sur l’Homme et l’environnement.

Qu’est-ce que Ostreopsis ovata ?

Les espèces du genre Ostreopsis sont des microalgues à une seule cellule (unicellulaire) d’environ 50 µmètres de longueur ayant la forme d’un grain de pastèque. Elles possèdent deux organes appelés « flagelles » qui leur permettent de se déplacer dans leur environnement.

Le genre* Ostreopsis compte onze espèces* différentes. Actuellement, seules deux ont été détectées en Méditerranée : Ostreopsis ovata et Ostreopsis siamensis. Surfrider s’intéresse plus particulièrement à la plus présente des deux: Ostreopsis ovata

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Ostreopsis ovata est originaire des tropiques (latitudes 35°N et 35°S représentées par les lignes bleues). Cependant, depuis quelques décennies, des efflorescences sont observées dans des zones plus tempérées comme la Méditerranée, la Nouvelle-Zélande ou encore le sud-est de la Russie.

Apparition en Méditerranée

L’apparition d’Ostreopsis ovata sous nos latitudes est attribuée à deux facteurs principaux :

  • Le trafic maritime, qui a facilité l’introduction de nouvelles espèces transportées notamment dans les eaux de ballast*;
  • Le changement climatique qui, responsable du réchauffement de la température de l’eau notamment, permet à la microalgue de se développer dans des zones aux conditions plus favorables.

Aujourd’hui, plusieurs pays du littoral méditerranéen sont concernés par l’apparition d’Ostreopsis ovata, particulièrement la France, l’Italie et l’Espagne :

Où s’installe Ostreopsis ovata ?


Ostreopsis ovata
 vit généralement dans les eaux chaudes, à faible profondeur, en milieu côtier rocheux et calme.
Son mode de vie est dit benthique* car elle se fixe et se développe sur des substrats* au fond de l’eau comme les rochers ou les macroalgues.

Lorsque toutes les conditions sont réunies, les cellules d’Ostreopsis ovata peuvent se multiplier en masse, s’étendre et former une couverture recouvrant une grande surface des fonds marins : c’est le phénomène de bloom* ou efflorescence*.

Généralement localisées au fond de l’eau, les cellules d’Ostreopsis ovata peuvent se détacher de leur substrat lorsque celui-ci est piétiné ou lorsque l’eau est agitée. Les cellules sont alors en suspension dans la colonne d’eau et peuvent s’agglomérer en surface: ce regroupement forme ce que l’on appelle des « fleurs d’eau ».

II- Quels sont les impacts d’Ostreopsis ovata ?

En présence de conditions favorables, Ostreopsis ovata se développe massivement et peut avoir des effets indésirables sur l’Homme et l’environnement. En effet, cette microalgue produit une toxine appelée palytoxine.

Impacts écologiques:

Les blooms d’Ostreopsis ovata sont néfastes pour l’écosystème marin.

La sur-prolifération des microalgues peut provoquer la mortalité des organismes vivants par asphyxie. En effet Ostreopsis ovata forme comme un nuage sur l’écosystème sur lequel elle s’installe ce qui entraine une saturation du milieu et ainsi, un déficit d’oxygène.

D’autre part, la toxine produite par Ostreopsis ovata peut s’accumuler dans les tissus des organismes et se concentrer le long de la chaîne alimentaire : on parle alors de bioamplification*.

Impacts sur la santé :

Les blooms d’Ostreopsis ovata sont non seulement néfastes pour l’environnement mais également pour la santé humaine.

La palytoxine produite par la microalgue peut provoquer chez l’Homme un état grippal. Les symptômes, ressentis après contact cutanéinhalation d’embruns marins ou encore ingestion, sont les suivants :

– Peu de temps après le contact : gout métallique en bouche, irritations cutanées, infections ORL, conjonctivites…

– A plus long terme : vertiges, nausées, fatigue…

Ces symptômes disparaissent généralement après 24 à 48 heures après l’exposition.

En zone tropicale, la présence de l’algue étant plus importante, des intoxications alimentaires ont mené à des cas plus graves. Actuellement, en Méditerranée, aucune intoxication alimentaire par la palytoxine n’a été observée.

Impacts socio-économiques :

Les conséquences économiques ne sont pas à négliger, au moment des efflorescences, les activités nautiques et touristiques le long des côtes peuvent être suspendues pour des raisons de santé publique. Ce fût le cas notamment à Gênes, pendant l’été 2005 avec la fermeture de plusieurs kilomètres de littoral. Plus récemment, en 2008, à Villefranche-sur-mer, les plages ont été fermées par arrêté municipal.
Que faire en cas de contamination ou d’observation ?

Que faire en cas de contamination ou d’observation ?

En cas de symptômes, le premier geste à adopter est de prendre une douche. En effet, se rincer permet de réduire la surface cutanée contaminée par les cellules toxiques.

Sur la plage, avertir les maitres-nageurs-sauveteurs, puis consulter un médecin ou, le cas échéant, un pharmacien est également vivement conseillé.

Enfin, il est important d’alerter les autorités et notamment le centre antipoison de Marseille (04.91.75.25.25) qui répertorie les cas sur le littoral méditerranéen.

 Les réseaux de surveillance d’Ostreopsis ovata en France

Des actions de surveillance sont mises en place en Méditerranée depuis le début des apparitions de blooms :

– Les Agences Régionales de Santé assurent une surveillance de la qualité des eaux au niveau des sites de baignade du littoral méditerranéen grâce à des analyses microbiologiques de l’eau. Elles intègrent la problématique Ostreopsis ovata à leurs réseaux de surveillance depuis 2007.

– Le laboratoire IFREMER surveille, via le réseau de suivi REPHY (réseau de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines), les eaux marines littorales et réalise des prélèvements d’eau réguliers afin d’identifier les espèces phytoplanctoniques présentes, particulièrement celles qui sont toxiques.

Et Surfrider ?

Surfrider Foundation Europe souhaite contribuer au développement des connaissances et à l’information des pratiquants sur la microalgue. C’est pourquoi l’association à intégré, depuis 2010, la surveillance de l’apparition d’Ostreopsis ovata à son réseau de suivi.

Surfrider agit sur deux leviers d’actions:

 La veille environnementale, pour observer l’algue et améliorer les connaissances scientifiques.

Chaque été, en collaboration avec des instituts scientifiques, des institutions et des médecins, des campagnes de prélèvements sur des zones d’activités nautiques en Corse, Occitanie et Provence Alpes Côte d’Azur pour suivre l’apparition de la microalgue sont réalisées.

– L’information, pour la préservation de la santé des usagers.

Des outils de communication sont créés afin d’informer le grand public: un livret et une affiche. En cas de d’observation et/ou de détection de la présence de l’algue, l’association réunit une cellule d’alerte composée des parties prenantes concernées afin d’impulser la concertation entre les acteurs du littoral et mettre en place des mesures préventives.